Le Noirmont, novembre 2012
 

Lettre d’information 5


Chères et chers amis-es de Librevent,

L’actualité éolienne a repris son rythme de croisière ; tant dans le Jura bernois que dans le canton du Jura, les autorités planifient le futur énergétique avec toutes les zones d’ombre qui se profilent dans les méandres des prises de position des autorités politiques.
Dans le Jura bernois
…par exemple, c’est la bouteille à encre jusqu’au 5 décembre 2012, date à laquelle l’assemblée des délégués de l’ARJB statuera sur la planification des parcs éoliens
Mais ne nous y trompons pas, plusieurs régions limitrophes sont menacées, en particulier la Montagne du Droit à Tramelan, qui jouxte la commune des Genevez. Un véritable arsenal juridique est mis en place par le comité de PHP (Protection – Habitat – Paysage) pour contrer les velléités de la commune de Tramelan, qui, heureusement pour nous, aurait tendance à commettre de graves erreurs de procédures. MM. Voumard, Schweizer, Aronsky se sont alliés à Me Marc Suter de Bienne pour défendre les intérêts des habitants de Tramelan. Ceux-ci pourront compter sur de solides alliés du côté des Genevez, à la tête desquels J.-Cl. Rossinelli qui a été aisément élu maire et l’ensemble des conseillers communaux acquis à la cause anti-éolienne. Bravo à toute l’équipe des Genevez et merci de votre engagement !
La situation à Lajoux a pris un nouveau tournant : le Conseil communal a dû, sur ordre de la Commission de la protection des données, rendre publique la Convention signée avec solE. Le comité anti-éolien de Lajoux (MM. Gogniat, Baumgartner, Berberat et Brahier) a eu raison de l’obstination du Conseil communal de Lajoux et surtout de solE. Le sort des éoliennes de Fornet-Dessus est étroitement lié à celles de Cerniers de Rebévelier… si un canton dit oui, l’autre risque d’abonder dans le même sens. Nos amis de Lajoux suivent avec attention tous les faits et gestes des autorités de part et d’autre de la frontière cantonale. Bravo et merci à Pierre, Rico, Jean-Louis et Claude, ainsi qu’ à Catherine et Mariette !
Du côté de la Prévôté, il apparaît, mais sans certitude, que le projet de la Montagne de Moutier a du plomb dans l’aile; les coûts liés à l’implantation de machines de 150 m de haut se révéleraient trop élevés… la vigilance demeure.
D’autres projets prennent forme du côté du Jeanbrenin. Mais l’opposition de potentiels riverains a déjà fait capoter le parc éolien de la Tanne. Par contre, à Mont-Crosin, 4 éoliennes seront remplacées par des monstres si personne ne bouge. De plus, quatre nouvelles éoliennes devraient voir le jour sur Sonvilier en direction de la Cibourg… à quelques encablures de La Chaux-de-Fonds, ville reconnue par l’UNESCO comme Patrimoine de l’humanité.
D’autres projets sont planifiés sur les hauts de Court et de Saint-Imier, pour plus d’informations, consultez le site www.arjb.ch.
Situation dans le canton du Jura
En septembre dernier, le bureau de conseil Weinmann, à Echallens, a déposé son rapport au Gouvernement jurassien en vue de définir la « Stratégie énergétique 2035 » du canton. Pour ce qui est des éoliennes, de précieuses informations figurent dans cet épais rapport ; nous y apprenons notamment que 12 éoliennes pourraient être implantées, y compris les 5 existantes. La prochaine étape consiste à anticiper la localisation des 7 éoliennes à ériger…
Dans la mesure où le Rapport Weinmann rappelle que « l’éolien est spécialement rejeté dans les Franches-Montagnes » et que le ministre Receveur a décrit les Franches-Montagnes comme « l’une des plus belles régions du monde », nous pouvons raisonnablement penser que le choix des endroits potentiellement « éolables » se tournera ailleurs, mais quel « ailleurs » ?
A ce stade, il importe que vous sachiez, chères et chers amis de Librevent, qu’un rapport de l’entreprise Planair S.A., à La Sagne, avait établi en 2008 une liste des sites potentiels que vous trouverez sur le lien ci-dessous : http://www.jura.ch/Htdocs/Files/Departements/DEE/Energie/Cours_formation/11451rapportRaccordementdeseoliennesJU-v4100712.pdf
Sans prédestiner de rien, il est fort à penser que les nouvelles éoliennes seront implantées dans les zones pré-définies, sans doute en un seul lieu pour en faire un parc. D’autres endroits sont potentiellement visés par les promoteurs éoliens, tels Soulce et la crête de Bassecourt-Courfaivre. A ce sujet nous avons appris qu’un propriétaire avait déjà été contacté pour signer un pré-contrat avec un développeur.
En parcourant la presse, vous aurez appris que l’entreprise KohleNusbaumer, de Lausanne, avait déployé une énergie affolante pour proposer à certaines communes l’implantation d’une seule et unique éolienne magistrale sur leur territoire. A notre connaissance pas moins de 7 communes ont été draguées par KohleNusbaumer. (A titre informatif, cette entreprise compte parmi ses « réussites » l’implantation des éoliennes du Peuchapatte, dont elle ne cesse de louer l’exemplarité… à l’extérieur des Franches-Montagnes s’entend !) Les 7 communes en question ont reçu en août dernier un courrier du Département de l’énergie qui disait en substance que la politique énergétique était du ressort du canton et que les communes n’avaient pas à entrer en discussions avec des développeurs du genre KohleNusbaumer.
Initiatives sur les éoliennes
Le 24 octobre dernier, le Département de l’environnement et de l’énergie a écrit aux communes qui avaient adopté des initiatives anti-éoliennes pour leur signifier que ces dernières étaient irrecevables. En réalité, le courrier de M. le ministre Receveur n’est pas une décision juridique, mais un « examen préalable » de la demande des communes d’intégrer un article dans le règlement de construction communal. On nous explique en long et en large que la politique énergétique relève avant tout de la Confédération et des cantons. Le canton du Jura ne peut « mettre en péril les objectifs fédéraux » en la matière ; à ce sujet, la postérité dira certainement que les éoliennes du Jura auront été le * « Lucens de l’éolien ». C'est-à-dire le premier faux-pas à ne plus reproduire. A part le Conseil communal de Saint-Brais, les gens qui ont des intérêts dans l’énergie et les naïfs post-antinucléaires, tout le monde –pro-éoliens, verts, écologistes purs et purs, etc.- admettent que l’implantation des éoliennes dans cette commune et celles du Peuchapatte, constituent une erreur stratégique. La preuve, c’est le succès de l’opposition aux éoliennes aux Franches-Montagnes. La Confédération a fichu la paix aux Vaudois en matière de nucléaire ; on peut espérer que l’on fiche la paix aux Franc-Montagnards en matière d’éolien.
* La construction du réacteur débuta en 1962. C'était un réacteur à eau lourde refroidi par du dioxyde de carbone et installé dans une caverne de 25 mètres de haut et 20 mètres de diamètre. Il fournissait 30 MW de puissance thermique qui généraient 6 MW d'électricité3. Il était prévu de faire fonctionner le réacteur jusqu'à la fin de l'année 1969, mais le 21 janvier 1969, lors d'un démarrage, un problème de refroidissement entraîna une fusion partielle du cœur et une contamination radioactive massive de la caverne. Un rapport de 1979 conclut que la cause de l'accident est la corrosion due à l'humidité régnant dans la caverne.
Librevent a fait paraître un communiqué qui a paru dans les journaux régionaux, que nous concluions ainsi : « En tout état de cause, l’examen préalable du Département de l’énergie conclut que « les autorités cantonales, respectivement communales, disposent toujours d’une grande manœuvre s’agissant des éoliennes, ce malgré la promotion fédérale de l’énergie éolienne. Il est tout à fait concevable qu’elles adoptent une planification restrictive en la matière ». Pratiquement, ce seront les assemblées communales, voire les conseils généraux, qui auront le dernier mot sur l’adoption des nouveaux plans spéciaux utiles à l’implantation de nouvelles éoliennes industrielles.
Pour Librevent, les buts sont toujours identiques : informer les populations concernées par le mitage des paysages jurassiens, conseiller et aider les personnes confrontées aux nuisances des éoliennes, déposer de nouvelles initiatives. Quand bien même elles seraient irrecevables, les centaines de signatures récoltées témoignent d’une volonté inébranlable de dire NON aux éoliennes industrielles sur les crêtes jurassiennes. »
Nous considérons que les initiatives déposées et acceptées reflètent l’avis d’une grande majorité de la population des Franches-Montagnes et de Bourrignon. A ce titre nous nous battrons pour défendre les paysages qui constituent la richesse de notre région.
Prochaines étapes
1) Il est fort à parier que le canton cherchera un, voire deux endroits pour y placer des éoliennes. Un endroit avec les 7 éoliennes ? On nous dit que des propriétaires de Roche d’Or s’activent pour se remplir les poches …d’argent. Les hauts de Courgenay ? Soulce ? Le maire de Delémont reviendra-t-il à charge avec un parc éolien réduit à 7 unités du côté de Bourrignon ? Autant d’interrogations qui ravivent notre motivation à poursuivre la lutte pour la sauvegarde nos paysages.
2) Le Parlement jurassien devra, dans tous les cas, adopter le Plan directeur cantonal, à fin 2013 début 2014. Sa décision pourra être soumise à referendum s’il ne convient pas à la volonté populaire.
3) Les communes, heureuses élues pour recevoir de nouvelles éoliennes, devront soumettre à leur législatif (assemblée communale ou conseil général) les plans spéciaux pour modifier le plan d’aménagement local… en 2015-2016.
Pour le comité de Librevent, il ne s’agit pas de se croiser les doigts jusque-là ; bien au contraire ! Comme vous, militantes et militants, nous savons que les personnes informées sont opposées à l’implantation d’éoliennes industrielles ; comme vous, nous savons qu’il s’agit de manifester en toutes circonstances notre volonté de sauvegarder la beauté de notre région et de diffuser partout nos convictions.
En conclusion, nous relèverons les propos de Mme Wegmüller, du bureau Weinmann, qui lors de présentation du rapport, le 22 septembre 2012, a dit : « Il faut savoir que ni le photovoltaïque ni l’éolien ne suffiront pour remplacer le nucléaire ». Quant à M. Nagel de Charmoille, collaborateur de RenInvest, il a sagement et publiquement admis, à la même occasion, qu’ « il fallait préserver les Franches-Montagnes des éoliennes ».
Un grand merci à celles et ceux qui se sont en particulier engagés pour la récolte des signatures et la défense de nos positions dans les différentes communes. Les trois initiatives récemment déposées aux Bois, au Bémont et aux Breuleux, quand bien même elles seraient irrecevables, apportent de l’eau à notre moulin ( !) Elles témoignent de la volonté inaltérable d’une majorité de citoyennes et de citoyens d’un village qui ne veulent pas d’éoliennes sur le territoire de leur commune.
Sur ces bonnes paroles, nous vous remercions de votre soutien indéfectible à notre cause, de votre engagement à nos côtés, de votre apport financier.

Finalement un grand merci pour la carte des Franches-Montagnes que Le Franc-Montagnard, Myriam Houlmann et Randy Gigon, nous a généreusement préparée. Avec tous nos remerciements !

Cette carte exige les commentaires suivants :
- à Soubey, des développeurs ont contacté des propriétaires pour implanter des éoliennes entre Les Enfers et le Doubs. Nous recherchons des personnes à Soubey pour récolter des signatures contre cette implantation ;
- à Saint-Brais, une initiative est prête à être lancée pour empêcher la réalisation d’un deuxième parc éolien ;

- à Bourrignon une initiative pour la prohibition des éoliennes a été acceptée en assemblée communale en octobre 2011.
 
Au nom de Librevent
Jean – Daniel Tschan
président