Actualité du 05 mai 2013
  

N’y a t-il plus que des journalistes  et des cinéastes engagés ou des associations de citoyens pour alerter la population lorsque la société dérape ? Cette question je me la pose souvent en suivant de très près l’actualité autour de l’industrie éolienne, parce que cette dernière s’imbrique dans un processus en marche contre lequel nos moyens d’actions restent extrêmement limités si nous dépendons d’une manière ou d’une autre du système qui les véhicule.

 
Tramelan :
 

L’association PHP (Protection Habitat Paysage) du Jura bernois a projeté après son assemblée générale, le film Windfall de Laura Israël.  Un film qui apporte un témoignage et un éclairage hautement déterminant pour les régions concernées par les appétits du lobby éolien, comme nous le sommes dans le Jura géographique. Dans la salle, pas un seul membre du Conseil Communal de Tramelan, pas un seul journaliste (ils ont quitté l’assemblée avant la projection du film)! Le lendemain dans la presse, l’article se contente de relever la détermination de l’association à lutter contre le lobby éolien, mais pas un mot sur ce dernier, ses pratiques et ses acoquinements avec les autorités en place pour arriver à ses fins. Pas un mot sur la mise en danger de notre région par une industrie qui tient tout le monde sous son contrôle : Un produit de consommation vendu à plus de 6 millions la pièce dans le monde entier, arrosé de subventions une fois en place, on imagine bien la détermination du lobby à l’imposer envers et contre tous.

 

Ce film a fait partie de la sélection officielle des festivals internationaux de Toronto, de Vancouver et de Woodstock. Il a été le grand gagnant de DOC NYC.  Il circule depuis quelques semaines dans le Canton de Vaud et sera dans le Jura (librevent va organiser ces projections).  Il a également été projeté à Lausanne dans le cadre du 8ème festival du film vert à Lausanne. Là non plus, aucun journaliste, aucun politique dans la salle !  Comme si savoir ou devoir en parler faisait peur à ceux qui devraient être les premiers à s’informer et à informer.

 

Il faudra donc comme partout, laisser pourrir nos régions sous les contraintes imposées par des industries malhonnêtes, avec la bénédiction d’autorités littéralement muselées par les lobbys,  sans jamais avoir pu obtenir la transparence et l’impartialité en matière d’informations ?  Ceci est à craindre. Les milliards en jeu sont le moteur de ce rouleau compresseur.

 

À lire cette semaine :

Comment le Québec se retrouve dans une situation économique et sociale catastrophique à cause du lobby éolien :

 
DAVID DESCÔTEAUX 

David Descôteaux est un des chroniqueurs économiques les plus lus au Québec. Son regard sur les enjeux économiques qui préoccupent chaque jour les Québécois fait jaser et réagir. 

 
Extrait:

(...)C'est ce qui arrive malheureusement trop souvent avec les politiques industrielles. Qui sont habituellement une combinaison de rêve de grandeur de politiciens, et de pressions de lobbys intéressés. On nous promet des emplois, de la richesse, tout plein de « retombées »... jusqu'à ce qu'on se rende compte que l'industrie en question — ça peut être l'éolien, mais aussi toute autre industrie — ne peut survivre sans subventions éternelles. Le problème, c'est qu'au moment où les politiciens et lobbys nous vendent leur salade, tout le monde embarque. Mais une fois que la machine est enclenchée, il n'y a plus de retour en arrière. Et quelqu'un doit ramasser les pots cassés quand ça vire mal. 

 
 
 
 
En Suisse :

Faire un tour sur le site de l’Association des entreprises électriques de Suisse., où le scénario le plus optimiste pour l’approvisionnement du futur envisage l’implantation de 1250 éoliennes en Suisse qui produiront 4% de notre électricité ! à lire ici : http://www.electricite.ch/fr/dossiers/etude-avenir-de-lelectricite.html

 
Extrait de leur « scénario no3 »:
Conséquences politiques

• Le scénario 3 implique une forte régulation de la consommation d’électricité et plus généralement du secteur énergétique, au moyen de prescriptions, exigences et interdictions supplémentaires.

• Concernant la demande, on peut imaginer la mise en place d’une taxe incitative élevée et/ou d’une réforme fiscale écologique, de directives contraignantes en matière d’efficacité pour tous les appareils électriques, de prescriptions strictes limitant la consommation (telle qu’une interdiction des climatisations) ou d’un contingentement des besoins en électricité.

• Concernant l’offre, il s’agira de simplifier les procédures, assouplir encore les mesures de protection de l’environnement afin de favoriser le développement de la production d’origine éolienne et hydraulique, renoncer en partie à certains sites naturels d’importance nationale ou augmenter nettement les incitations et subventions en faveur de la biomasse et du photovoltaïque.

 
 

À lire également l’actualité valaisanne, où les riverains de la dernière éolienne de Charrat sont sorti du bois pour dénoncer les nuisances qu’ils subissent. Avec comme d’habitude, l’absence remarquée des politiciens dans la salle !

 

VALAIS - «Les éoliennes, je n'étais pas du tout contre. Mais depuis qu'Adonis tourne, c'est l'enfer.» Christophe Delaloye est un père de famille qui a acheté il y a deux ans une maison écologique, dans la campagne charrataine, au Grand Botza. 



Dizaines d'oppositions


Jeudi, il a pris la parole lors d'une soirée d'information organisée à Saxon par l'Association pour la protection du paysage du coude du Rhône (APPCR). «Nous avions organisé un événement similaire à Fully il y a 15 jours», rappelle Florence Lattion Richard, présidente de l'association, «nous avons envoyé des tous-ménages sur Saxon. Avec plus de 50 participants, nous sommes satisfaits. Notre but, c'est de donner notre point de vue et d'inciter les gens à faire opposition au parc éolien du Grand Chavalard

Le parc? Cinq éoliennes prévues sur les communes de Charrat et de Saxon, y compris Adonis, l'éolienne-test en fonction depuis bientôt un an. «C'est un joli nom, Adonis, mais c'est trompeur», assure Christophe Delaloye, «quand on la voit depuis l'autoroute, elle peut paraître majestueuse. Moi, je vis à un kilomètre. Je ne suis pas un type particulièrement sensible, et je l'entends, j'entends les infrasons - même avec du double vitrage - et je la vois. L'œil est attiré par le mouvement. On ne peut rien y faire. Quand j'ai acheté ma maison, je n'imaginais pas à quel point ça aurait pu me perturber. 

Si je témoigne (n.d.l.r.: il le fait également en vidéo sur le site de l'APPCR), c'est pour prévenir les autres: ces machines sont des usines.» Si le parc devait se réaliser, sa maison se retrouverait entourée par les éoliennes. S'il dit pouvoir vivre avec Adonis à un kilomètre, il imagine mal ses deux filles grandir à 300 ou 400 mètres des prochaines turbines. «Je suis pour les énergies vertes, mais l'éolien, dans la plaine du Rhône, n'a pas sa place. Il y a trop de nuisances par rapport à ce que ça rapporte.» 

Ce déséquilibre, c'est l'argument de base de l'APPCR: un gros impact paysager pour une production électrique qu'elle juge minime et des recettes limitées pour les communes. «Notre message commence à passer», assure Florence Lattion Richard, nous avons déjà réuni plusieurs dizaines d'oppositions qui seront déposées la semaine prochaine. Plus nous en aurons, plus le signal sera fort, y compris pour les autorités cantonales.» 

Les politiques discrets 

Jeudi soir, les représentants de ValEole, n'ont pas assisté à la séance. Après celle de Fully, ils avaient envoyé un communiqué de presse démontant tous les arguments des opposants. On y lisait notamment que les machines respectaient les normes légales en matière de bruit, qu'une étude récente de la Banque cantonale vaudoise démontrait qu'il n'y avait pas de dévaluation du prix de l'immobilier, que la production électrique n'était pas négligeable, que les finances communales bénéficiaient en priorité des redevances, qu'aucune étude scientifique sérieuse ne montrait les méfaits sanitaires des éoliennes et que la question paysagère était hautement subjective. 

Jeudi, seul un conseiller communal de Saxon était présent, ainsi que Willy Giroud et Cédric Rosaire, respectivement député et suppléant PLR, tous deux réfractaires à l'éolien dans la plaine du Rhône. Mais si l'UDCVr a ouvertement affiché son opposition en début de semaine, les autres partis restent muets. «Il va falloir qu'on en discute», assure Willy Giroud, j'ai pris la température chez nous et il semblerait que mes collègues soient majoritairement réticents. On doit être cohérents: on vient de voter un crédit-cadre de 40 millions pour la promotion touristique et, dans le même temps, on sacrifie notre paysage. Le Valais en fait déjà beaucoup pour la production électrique. Avant de chercher à en produire plus, on doit investir dans les économies.» 

Nous reviendrons sur ce dossier au terme de la mise à l'enquête. Les arguments des deux camps sur http://www.appcr.ch/ et http://www.val-eole.ch/ 

Témoignages de riverains valaisans :

Télévision, à voir :

Ne manquez pas jeudi prochain l’émission Temps présent sur la RTS, le processus de transformation de nos campagnes en zones industrielles pour l’approvisionnement des villes trouve une partie de son explication ici :

 
Les riches rachètent les villes :
 

« Pendant longtemps les riches ont fui la ville, sa pollution, son trafic. Depuis dix ans, ils réinvestissent des quartiers entiers. Du coup, les loyers augmentent et contraignent les habitants historiques issus des classes populaires à l’exil. A Lausanne, à Genève, des quartiers entiers vivent cette métamorphose silencieuse. A quoi ressembleront nos villes dans dix ans ? A des zones résidentielles pour riches pendant que les plus pauvres s’exileront à la périphérie? » (site de la RTS)

 

Nous avons un immense travail d’information à faire et nous le ferons même si ils essaieront toujours de minimiser nos arguments.  La réalité partout nous donne raison. Nos paysages sont une source inépuisable d’énergie gratuite, continue et infinie. Profitons-en.