Paysages et développement durable, une conférence de Dominique Bourg.

Le terme de développement durable sert souvent de prétexte pour faire passer des projets loin d’en respecter les objectifs et le sens.

Comment dans cette jungle d’informations, émanant aussi bien des politiciens que des associations, et, phénomène nouveau, des milieux économiques et industriels, le simple citoyen peut-il reconnaître les bons des mauvais projets ? Quelle crédibilité peut-on encore donner au développement écologique dès lors qu’il est récupéré par le libéralisme ? Comment parler de développement durable alors que des régions et des populations sont sacrifiées pour justifier un confort éthique aux plus chanceux ?

Ces questions et bien d’autres alimentent les préoccupations de nombre d’entre nous. L’objectif de la conférence est d’élargir le débat au-delà des simples conflits d’intérêts, de nourrir une réflexion pertinente à l’heure où problèmes et solutions se bousculent à un point tel que la réflexion manque.

Dominique Bourg n’apporte pas des solutions complaisantes, mais pose un regard critique et éclairé sur le sujet. Son intervention lors du premier Forum romand du développement durable et de la formation qui s’est tenu à L’Université de Lausanne en novembre 2011, n’est pas passée inaperçue, et pour cause : Dominique Bourg est un interlocuteur de haut vol qui n’a pas pour habitude de travestir les faits pour les rendre digestes. Ses domaines de recherche concernent l'éthique du développement durable, la construction sociale des risques, le principe de précaution, l'Économie de fonctionnalité et la démocratie écologique. Il a publié onze ouvrages, dirigé huit ouvrages collectifs, participé à douze dictionnaires ou encyclopédies et trente ouvrages collectifs et signé cinquante articles.

Bien qu’initiée par librevent, il ne s’agit pas d’une conférence sur les éoliennes. L’objectif étant justement de sortir des sentiers battus par le vent et de revenir à l’essence du problème : On en est où et on va où ?

L’entrée est libre et tout public !

Vous trouverez ci-jointe l'affichette de la conférence ainsi qu'un article AGEFI de novembre 2011 ci-dessous.

Nous nous réjouissons de vous retrouver à l'occasion de cette conférence et restons à votre disposition pour tout complément d'information.

Dans l’intervalle les soussignées répondront volontiers à vos questions et vous mettront en relation avec le Professeur Dominique Bourg pour une interview si vous le souhaitez.

Pascale Hoffmeyer, librevent, coordinatrice du projet, Saint Brais 079 706 53 50/032 433 46 79
Lucienne Merguin Rossé, Pro Natura Jura, L’Abbaye 105, Chevenez, 079 817 99 61 032 476 70 21

 

Développement durable: le cuisant constat d’échec
L'AGEFI - 7 11 2011
DOMINIQUE BOURG. Le philosophe (membre du comité de veille de la Fondation Hulot) a dénoncé vendredi à Lausanne la péremption et la faillite d’un concept tout simplement impossible.
olvier pellegrinelli
«Le développement durable est un échec cuisant.» Dominique Bourg a le mérite de la franchise quand il fait le bilan du concept consensuel par excellence, dont on fêtera les 25 ans en 2012. Programmation audacieuse pour l'ouverture du premier forum romand du développement durable et de la formation qui s'est tenue vendredi à l'UNIL, la conférence du philosophe français a détoné par rapport aux bonnes intentions supposées d'un tel rendez-vous. Longue litanie anxiogène des problèmes auxquels l'humanité est confrontée depuis 1950, sa présentation a beaucoup chiffré l'impasse du développement actuel, peu exposé ses alternatives. Mais elle est a eu le mérite de tirer un constat sans appel: la récupération politique du concept depuis les années 2000 a été ridiculement contre-productive.

La réduction des inégalités de répartition des richesses et celle de l'impact humain sur l'environnement, les deux objectifs clés du concept aux trois piliers énoncés dans le rapport Brundtland en 1987, ont été balayés par l'histoire. Selon Bourg, un modèle d'économie circulaire – basée sur le recyclage – couplé à une obligation de croissance linéaire constituait à la base déjà une «vaste plaisanterie». A titre d'exemple, l'exigence de croissance de la production d'acier de 3,5% par année implique le tarissement des ressources en fer dans 50 ans, alors qu'un taux de recyclage de 62% de l'alliage ne permet d'augmenter cette limite que de 12 ans. Il conclut ainsi que la multiplication des éoliennes ou des voitures électriques ne pourra jamais constituer une solution de long-terme dans cette double configuration d'explosion des besoins énergétiques et de la raréfaction des minerais. Le message est clair: le modèle productiviste actuel ne tiendra pas, la croissance des richesses ne sera bientôt plus possible.

La disparition de 90% des ressources halieutiques depuis l'industrialisation de la pêche, malgré la conclusion de traités internationaux, constitue à ses yeux l'exemple «parfait» de l'imposture du développement durable. Ce qu'il lui fait dire que cette «notion baroque, quoique attachante» a fait son temps et qu'elle cédera par la force des choses à la nécessité de la décroissance. Pour lui, l'homme doit inventer un nouveau monde de prospérité sans croissance.

Certes, les conseillers d'état vaudois François Marthaler et Anne-Catherine Lyon, qui avaient fait les louanges du développement durable juste avant que Dominique Bourg ne prenne la parole, en sont pour leur frais. Coincés devant l'impossibilité morale de critiquer le concept tout en ayant systématiquement montré une indifférence totale à le dépasser, les élus politiques dans leur ensemble peuvent se montrer cois devant les pistes de réflexion que le philosophe a esquissé en conclusion. Economie de fonctionnalité (et plus de production), fin de l'obsession de la productivité du travail, resserrement drastique des écarts de revenus et taxe carbone internationale. Bienvenue dans un monde bientôt fondamentalement différent.

Dominique Bourg :
Professeur ordinaire à l'Université de Lausanne, Institut des Politiques Territoriales et de l'Environnement Humain (IPTEH), Faculté des géosciences et de l'environnement, depuis le 1er septembre 2006. Directeur de l'IPTEH de septembre 2006 à juillet 2009, vice-président ETHOS, UNI Lausanne..
Professeur des Universités (01.09.00/31.08.06 ; 1ère classe ; 72ème section CNU) à l'Université de technologie de Troyes, directeur du Pôle de compétences Développement Durable de l'Université de technologie de Troyes (février - août 2006) ; président de la Chaire d'écologie industrielle (mars 2005 - août 2006) ; créateur et directeur (01.07.00 - 23.01.06) du Centre de Recherches et d'Etudes Interdisciplinaires sur le Développement Durable (JE 2446), responsable et créateur du Master « Management de l'environnement et développement durable » (du 01.09.01 [pour le DESS « Ecologie industrielle » antérieur] au 31-08-2005) et de la filière « Développement Durable » de l'Ecole doctorale (01.10.01) ; directeur (01.01.98 - 31.08.02) du département Technologie et Sciences de l'Homme. Maître de Conférences à Sciences-Po. Paris (01.11.97 - 31.08.06), co-responsable (01.11.99 - 31.08.06) du séminaire « Environnement, sciences, société » relevant du Master « Politiques publiques » et de la Chaire « Développement durable ». Directeur et co-fondateur de l'Institut du Débat Public Local du Conseil Général de la Meuse (janvier 2003 - avril 2004). Source : http://www.unil.ch/ipteh/page37297_fr.html